oiseau-spire

OISEAU-SPIRE   <>   SEPTEMBRE 2021

chêne  --   850 x 200 x 100 mm

oOo

Cet animal improbable, intermédiaire entre un oiseau-lyre, un euplecte à longue queue et … une simple élucubration géométrique (!) m’est venue par la CAO (conception assistée par ordinateur). En effet, vous le savez la CAO est pour moi la « feuille blanche de l’écrivain », c’est-à-dire le lieu où mes créations naissent.

Je dispose d’une CAO (Rhino + Grasshopper) très « paramétrique » qui permet d’explorer aisément dimensions, angles, courbures diverses et variées, contradictoires ou complémentaires. Mon esprit est alors seulement guidé par les formes qui apparaissent lorsque je provoque ces variations de paramètres : j’y cherche des effets, des épaisseurs, des mouvements intéressants ...

C’est ainsi que la CAO me permet quelquefois de sauter d’un domaine de création à un autre, car les évolutions que je fais subir à ma pièce initialement conçue dans un contexte donné, m’amène à « voir » soudain comme une « sorte de forme » d’un tout autre domaine. C’est ce qui s’est passé ici. Ma première idée était en effet de donner un sens au terme « accélération » du domaine de l’astronomie, employé pour désigner l’impulsion donnée par une planète agissant temporairement sur la trajectoire d’une sonde spatiale pour l’accélérer et modifier son orientation, afin qu’elle rejoigne sa destination finale. Voilà sur quoi mon esprit scientifique flottait. J’imaginais que la sonde tourne une fois et demi autour de la planète accélératrice afin de trouver l’énergie pour s’extraire de sa pesanteur et se projeter plus loin.

Finalement, c’est une espèce d’oiseau qui m’est apparu, lorsque j’ai voulu représenter la trajectoire de cette sonde. J’ai alors basculé mes neurones dans ce nouveau domaine pour lui donner les formes et épaisseurs que vous avez maintenant devant les yeux … Qu’en pensez-vous ?

Ma contrainte principale était la dimension extérieure du bloc de chêne dont je disposais, un chêne assez jeune, au tanin très prononcé, récemment abattu, scié et dégauchi pour réaliser en bois les bordures d’une rue piétonne de ma ville : j’en ai récupéré quelques chutes ! (chut !). Leur section était de 200x100mm et il fallait que je reste dans ce gabarit : une section parfaite pour y loger une sculpture longiligne telle celle que je désirais faire avec ma fameuse « trajectoire » de sonde spatiale ! Vive l’oiseau-spire qui en est finalement sorti !

De longues heures de finition ont été nécessaires (rifloir, lime, racloir) pour obtenir le poli sur la tranche et les flancs de cet oiseau ainsi que le creux parfaitement circulaire des yeux. J'ai terminé par une cire incolore pour aviver la couleur chêne-clair de cette sculpture.

A noter que j'ai du retailler le socle (et le percer pour ôter les cernes centraux du coeur) afin de supprimer la courbure induite par le séchage progressif de cette pièce de bois trop vite sculptée après l'abattage de l'arbre ! D'ailleurs le bec de l'oiseau, intialement dans le plan de symétrie vertical, continue lentement à pivoter de semaine en semaine et donner au cou une inflexion assez esthétique !

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