fluette
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FLUETTE <> JUILLET 2023
Chêne : 1200 x 100 x 100 mm
oOo
En sculpture, j’aime les défis et surtout j’aime les relever ! Cette fois, je voulais exploiter un poteau de chêne de section 10x10 cm pour en tirer une ronde-bosse !
Sur ma feuille-blanche-amie, la CAO, toujours imprégné de lignes féminines pour mes créations actuelles, c’est le corps d’une danseuse sur pointes qui a surgi. Tout l’hiver, en m’inspirant de nombreuses photos, j’ai travaillé la pose, les proportions, l’inclinaison du corps, la position des bras, la position de la tête. Sur ce dernier point je me suis interrogé : une telle danseuse fixe-t-elle l’horizon, ou bien son regard accompagne-t-il le geste gracieux de sa main droite ?
J’ai voulu qu’on retrouve ici tout ce que j’aime créer dans mes sculptures : /1/ la traversée de la lumière, grâce à de nombreux évidements : coude gauche - hanche, entre-cuisses, interstice entre les genoux avant et arrière, espace entre les chevilles; /2/ le sentiment de déséquilibre de la sculpture par l’usage d’une pointe à sa base : ici c’est le socle en pyramide inversée qui donne cette impression; /3/ l’absence de toute zone angulaire par l’usage unique de courbes douces et lisibles : les hanches, les poignets, les fesses, le cou et surtout la courbe que j’ai le plus aimé représenter : la suite ‘cuisse genou jambe cheville cou-de-pied’ qui donne à voir une succession de très légères inflexions contraires. Ah ! ce cou-de-pied si sensuel lorsque le pied est cambré sur sa pointe !
Enfin, pour clore la conception, j’ai volontairement « déformé » le corps en allongeant la hauteur sans toucher aux deux autres dimensions, ce qui affine la silhouette et affirme la gracilité de ce jeune corps. Vous conviendrez avec moi que son nom de baptême, fluette, lui convient bien !
La réalisation a été longue et délicate. J’avais pris la précaution, dès le départ, de conserver durant toute la taille deux excroissances solidifiant les parties les plus fragiles et ôtées juste à la fin : épaule Dr <> main Dr pour solidifier le bras droit et sa main qui terminent verticalement la sculpture ; talon Dr <> socle pour solidifier l’ancrage du corps, qui se résume in-fine à une fixation d’à peine un cm2 à la pointe des chaussons de danse. Notez aussi que j’ai dû ajouter deux légères surépaisseurs à l’emplacement du chignon et du bras gauche, car la pose que j'avais adoptée les faisait sortir de la section 10 x 10 cm.
Ce qui m’a demandé beaucoup de temps (deux bons mois), d’énergie et de minutie, est de sculpter la tête dont j’ai voulu réaliser d’abord une ébauche avant sa taille directe. Je voulais en effet donner à fluette un regard féminin et une expression de joie grâce à un très léger sourire que j’ai posé sur ses lèvres. Or, mon apprentissage de la taille des visages est loin d’être terminé et Jacques m’a beaucoup aidé…
Cette essence était bien dure, mais très contrastée entre bois de printemps et bois d’été ce qui a rendu la finition au racloir laborieuse pour éviter les « rebonds » d’un cerne à l’autre. Le poli étant atteint j’ai ciré la sculpture, ce qui a foncé légèrement le chêne.
autres photos :
cette fois, j'ai innové : plutôt que de photographier sur fond blanc, j'ai emmené fluette au jardin pour sa séance de poses !