DOUBLE OVE ou le mouvement <> Décembre 2018
Frêne -- L x l x h :: 220 x 130 x 500 mm
Retour à la géométrie, avec cette sculpture largement évidée, constituée de deux formes ovales imbriquées. Au final, c'est une pièce de bois courbe, qui se reboucle deux fois sur elle-même (2 fois 360°), avec la distinction roman/gothique entre petit et grand ove.
Par cette sculpture, j'ai cherché à saisir un mouvement, ce qui est une vraie difficulté car qui dit mouvement dit vitesse et temps, dont la représentation est une gageure. Ma recherche vise ici l'opposition entre une rotation rapide placée à l'intérieur d'un mouvement plus lent.... que j'ai traduite en jouant sur l'épaisseur différentiée des parties centrale et supérieure de la sculpture.
Pour les scientifiques : ma lointaine inspiration du "plus-rapide<>plus-lent" a été le mouvement d'une planète autour de son étoile: tout en restant sur sa trajectoire elliptique, la planète accélère à son périhélie (le point le plus proche de l'étoile) et ralentit à son aphélie, cette différence étant d'autant plus sensible que l'excentricité de l'orbite est importante. Ce phénomène est connu sous le nom de 2è loi de Kepler.
J'ai hésité longtemps sur la forme de la section à adopter, elliptique ou octogonale. c'est finalement Jacques qui m'a fait opter pour la forme octogonale, les angles entre facettes permettant de mieux "accrocher la lumière", et donc de mieux mettre en valeur ses formes. C'est d'ailleurs ceci qui m'a poussé à photographier ma sculpture avec différents types d'éclairage...
Une dernière chose à signaler : j'ai pris plaisir à découvrir une nouvelle essence, le frêne .... même si son toucher m'est connu depuis longtemps, les manches d'outil en étant majoritairement constitués. Le veinage de ce bois est tout à fait caractéristique : teinte ocre très pâle quelquefois rosé, sans rayon médullaire, avec une opposition marquée de l'épaisseur des veines entre bois de printemps (étroites) et bois d'été (larges), ainsi que de la densité de leurs fibres (bois d'été aux fibres très serrées).
La finition m'a pris beaucoup de temps, car j'ai voulu terminer au racloir, pour préserver les huit arêtes délimitant les facettes, autant sur la netteté de l'angle que sur l'absence de sinuosités. Ceci a été d'autant plus délicat pour deux raisons : d'une part, ces arêtes ont une courbure variant continument au long des 720° du parcours et doivent rester "parallèles" entr'elles, sans déviation - d'autre part l'espace résiduel entre les deux oves est très étroit à leur croisement ce qui ne facilite pas le passage et l'usage des outils en ces points.
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