portée
PORTEE <> Novembre 2017
chêne 200 x 100 x 4 mm
J'ai mis en musique (c'est le cas de le dire !) une idée de Jacques, lorsqu'il a vu la trompette terminée, sur son support horizontal. Il m'a conseillé d'y ajouter un élément pour attirer le regard du visiteur, "pourquoi pas des notes de musique !", qui vont alors l'intriguer et lui faire prendre conscience qu'il regarde non pas un objet courant, usuel, mais une vraie sculpture ! J'ai très vite adopté cette idée, séduit par un nouveau défi de sculpture évidée, et j'ai décidé de la réaliser si possible avant la prochaine exposition.
Devant mon écran Rhino j'ai commencé à "crayonner" une portée, et les notes qui courent dessus ... J'ai construit les sous-programmes correspondant aux signes musicaux de base: fils de portée, barres de mesures, notes et leurs tiges, barres de croches, silences, etc ... ainsi que l'outil de transcription de toute portée musicale ...J'ai voulu également communiquer l'idée d'une diffusion du son dans l'air, et après tâtonnement entre plusieurs formes, j'ai choisi une croissance parabolique des fils de portée.
L'étape suivante est le dimensionnement. Là, les choses se compliquent car la réalité reprend durement le dessus : à savoir la fragilité des faibles épaisseurs. J'ai d'abord hésité sur la matière et ai tenté le cuivre (dont la teinte s'accorde bien au rosé du poirier), avec des diamètres voisins de 2mm ... donc des fraises d'un diamètre de 1,5 à 2mm ... dont j'ai cassé plusieurs exemplaires ! Je me suis rabattu sur le bois, en passant à 3mm les fils de portée et les tiges de notes à 2mm. La géométrie de la sculpture amène naturellement à aligner les fils de portée dans le sens du fil du bois, ce qui placent les tiges de note en bois de travers ... De ce fait, une tige ne comporte que 4 ou 5 cellules ligneuses dans sa section ... C'est assez impressionnant vu à la loupe !
En croisant les doigts, je me suis quand même lancé, avec une belle planche de chêne, bien homogène et une quinzaine de brides créées autour de la sculpture. La technique d’usinage est le recto-verso, avec la nécessité d’avoir un berceau pour la taille de la 2è face, ce que j’ai conçu avec 2 épaisseurs de PVC de 2mm, où j’ai marqué par pression les empreintes des notes, pour amortir les vibrations. J'ai également choisi d'orienter les passes de finition à 90° par rapport à celles d'ébauche pour diminuer les efforts de coupe sur les tiges de note. Vingt heures après environ, l'usinage était terminé sans casse, y compris l'élimination des quinze brides. Ouf !
Au fait ... reconnaissez-vous l'air de musique que j'ai sculpté ?
état de finition : après avoir essayé de reprendre un sillon note<>portée avec une lime d'horloger pour renforcer l'arrondi de la note, (mal exprimé avec la fraise boule de 3mm) j'ai cassé la tige correspondante que j'ai du recoller. Ceci a stoppé toutes mes velléités d'aller plus loin dans la finition ...
autres photos :
le programme Grasshopper graphique de production de la portée et l'écran Rhino correspondant
la simulation de l'usinage en FAO puis l'usinage lui-même sur ma fraiseuse numérique (recto)
l'usinage du verso puis la portée terminée, avant suppression des brides
pour terminer, quelques photos de la portée, à sa place, fixée dans le fond du pavillon de la trompette.
page créée mi-Novembre et postée le 20/11/17